L'article ci-dessous est une traduction d'un article concernant les Etats-unis.
Son analyse et ses conclusions s'appliquent cependant complètement à beaucoup d'autres états Léviathan de par le monde.
Par ailleurs, l'obésité de l'état est souvent aussi une conséquence directe de l'obésité du pays. Là où les "grands" pays pensent pouvoir se payer le luxe d'une bureaucratie obèse et ruinent le pays pour la financer, les états plus petits sont nettement plus lucides sur les coûts et donnent l'exemple salutaire de beaucoup plus de modération.

C'est pour ces raisons que nous avons effectué cette traduction et que nous la publions.


Une cause fondamentale de l'échec du COVID : L'état Léviathan est à la fois un monopole et un conglomérat

Par Roger Barris

L'incompétence de l'état Léviathan est une feature, pas un bogue.

Une idée clé de la tradition libertarienne est que l'échec de l'état Léviathan n'est pas dû aux personnes spécifiquement en poste, mais plutôt à la structure de l'état Léviathan lui-même et aux incitations qu'elle crée. L'échec est une caractéristique, pas un bogue. La réaction à la pandémie COVID-19 en est une illustration. Les états Léviathan échouent en grande partie parce qu'ils sont à la fois un monopole et un conglomérat.

Permettez-moi de m'expliquer.

Un monopole

Le gouvernement est le monopole ultime, un point qui motive une grande partie des préoccupations libertariennes à son sujet. Non seulement cela engendre les problèmes habituels - coûts trop élevés, service trop faible et bureaucratie trop lourde - mais cela en crée un autre qui est très visible aujourd'hui : un SPOF.

Comme toute entreprise humaine, le marché libre n'est pas parfait, mais il a l'énorme avantage de toujours laisser "mille fleurs s'épanouir". Il permet une grande quantité d'expérimentations et évite de trop s'exposer à un point unique de défaillance. Le monopole étatique est l'opposé. Lorsque l'état Léviathan se fourvoie, le désastre est forcément considérable.

C'est exactement ce qui s'est passé avec COVID-19. En réponse à l'épidémie, tout le mois de février a été perdu parce que le Centre pour le contrôle des maladies (CDC) a insisté pour développer son propre test - qui n'a finalement pas fonctionné - et a empêché toute alternative, y compris les tests déjà éprouvés qui étaient utilisés à l'étranger. De nombreux experts s'accordent à dire que des tests à grande échelle, combinés à des quarantaines sélectives, constituent le moyen le plus efficace de contrôler le virus sans détruire l'économie. Avec une menace qui croît de façon exponentielle, un mois perdu équivaut à une éternité.

En fait, la seule raison pour laquelle nous progressons maintenant rapidement en matière de tests et de fourniture d'équipements (tels que les masques faciaux et les ventilateurs), est que la Food and Drug Administration (FDA) et le CDC lèvent enfin quelque peu la lourde botte du monopole et que le marché libre réagit rapidement.

Comme l'a déclaré un virologue de premier plan en Allemagne, un pays qui effectuait 120.000 tests par semaine en février pendant que le CDC perdait son temps, et qui affiche aujourd'hui le taux de mortalité le plus bas de tous les grands pays occidentaux : Nous avons une culture ici en Allemagne qui ne soutient pas un système de diagnostic centralisé, donc l'Allemagne n'a pas de laboratoire de santé publique qui empêcherait d'autres laboratoires de faire les tests. Nous avons donc eu un marché ouvert dès le début.

Mais tout ne va pas bien, même en Allemagne, surtout lorsque le pays se frotte au super-État de l'Union européenne (UE). L'Office allemand de protection des données a récemment estimé que le souhait d'Apple de vérifier les températures avant d'autoriser les clients à entrer dans ses magasins pouvait constituer une violation des règles de l'UE en matière de protection de la vie privée. Avec les grandes administrations, le respect des règles bureaucratiques l'emporte toujours sur le bon sens.

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Un conglomérat

Le deuxième problème est celui du "conglomérat". Ce terme est peut-être moins bien connu du grand public. Il désigne une entreprise - ou toute organisation - qui tente de tout faire pour tout le monde, au lieu de se concentrer sur ses missions et ses capacités essentielles. Les conglomérats d'entreprises ont connu leur heure de gloire dans les années 60, avec des noms comme Gulf+Western (actif dans des secteurs allant de la raffinerie de sucre aux studios Paramount) et ITT (qui a acquis plus de 300 entreprises, de Wonder Bread aux hôtels Sheraton), mais depuis lors, ces conglomérats ont été démantelés par le marché libre qui a réalisé qu'ils étaient des touches-à-tout, mais experts en rien.

C'est également une caractéristique des états Léviathan. Cependant, lorsqu'un gouvernement outrepasse ses fonctions limitées, il viole non seulement les droits et la rationalité économique, mais il contribue également à garantir qu'il n'accomplira pas ses fonctions légitimes (régaliennes) correctement. C'est exactement comme les conglomérats d'entreprises, mais c'est encore pire parce que l'état n'est pas soumis aux forces du marché qui ont finalement éliminé ces acteurs inefficaces.

Il existe un mythe populaire selon lequel le gouvernement a échoué avec COVID-19 parce que les idéologues partisans d'un état restreint l'auraient privé d'argent. L'absurdité totale de cette affirmation peut être démontrée à l'aide d'un seul graphique :

centrage photo

Un coup d'œil rapide montre que la taille du gouvernement par rapport à l'ensemble de l'économie est actuellement bien au-dessus de la moyenne depuis 1960 et même légèrement au-dessus de la moyenne depuis 1980, début de la "révolution Reagan" qui aurait prétendument initié ce processus d'attrition. Cela est particulièrement impressionnant puisque nous sommes dans une période de forte croissance économique, où les dépenses publiques diminuent généralement (comme au milieu des années 1990).

Le gouvernement ne manque pas d'argent. Il manque de focalisation.

C'est vrai même au sein du CDC, l'agence gouvernementale chargée de faire face aux pandémies. Comme l'indique un article récent, "La dérive des missions et le gaspillage ont laissé le CDC non préparé à une véritable crise de santé publique". L'article souligne que le financement du CDC est passé de 590 millions de dollars en 1987 à 8 milliards de dollars pour l'exercice 2019, dépassant largement le taux d'inflation (qui aurait produit un budget équivalent pour 2019 d'environ 1,3 milliard de dollars) et la croissance déjà excessive des dépenses fédérales en général. Mais seule une infime partie de cet argent a été consacrée à la mission principale du CDC. Au lieu de cela, il a été consacré à des choses comme des études sur la consommation d'alcool et de tabac, les blessures sportives, les accidents de la route, la violence armée et... 1,75 million de dollars pour une "liaison avec Hollywood" !

L'incompétence intégrée

La réaction à COVID-19 devrait être une leçon. Il est incontestable que les actions "bottom-up" des acteurs privés ont apporté des réponses beaucoup plus efficaces à la crise que les actions "top-down" des gouvernements, ces dernières ayant été plus un obstacle qu'une aide. Mais il est important de réaliser que cela ne se limite pas à cette crise ou aux personnes actuellement en charge des sièges politiques ou bureaucratiques.

Comme je l'ai dit plus haut, l'incompétence de l'état Léviathan est une caractéristique, pas un bogue.

Article original publié le 9 juin 2020 sur fee.org
Repris via licence CC4 by nc nd

Traduction : Vincent Andres, pour libland.be.


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