Démarrer une Charter City

19 octobre 2020, par Dr. Mark Lutter

J'aime bien plaisanter en disant qu'il y a trois façons de construire une ville : 1) être un gouvernement, 2) avoir une raison économique, ou 3) commencer une religion.

Les gouvernements ont deux avantages. Premièrement, ils ne sont pas confrontés aux mêmes contraintes budgétaires que les entreprises et sont donc en mesure de réaliser les investissements massifs en infrastructures nécessaires à la construction d'une ville. Deuxièmement, ils peuvent subordonner l'avancement de la bureaucratie gouvernementale à l'installation en ville, "forçant" ainsi les premiers habitants à migrer vers la ville. Cette approche a été adoptée à de nombreuses reprises au cours de l'histoire, notamment récemment à Brasilia, Abuja et Astana.

La plupart des villes commencent par une logique économique. Il y a un port naturel, ou peut-être une mine. Les gens se déplacent vers la ville pour profiter de l'activité économique. Avec le temps, la population augmente, créant des avantages d'agglomération qui l'emportent sur la logique économique initiale. De nombreuses villes minières persistent même après l'épuisement de la mine.

La troisième façon de construire une ville est de fonder une religion. Salt Lake City et Israël (bien que n'étant pas une ville), ont été fondés par des religions. L'important n'est pas la religion en soi, mais la cohésion sociale. Il faut une identité forte qui puisse coordonner les migrations de masse. Cependant, une identité forte en soi est insuffisante, elle doit être couplée à la persécution, créant ainsi la demande de migration de masse. Les Mormons et les Juifs ont tous deux été sévèrement persécutés, provoquant une migration suffisante qui a conduit respectivement à une ville et à un pays.

Chacune de ces approches sert à attirer les résidents vers une nouvelle ville. Les villes sont des agglomérations territoriales de personnes, avec des réseaux intégrés fournissant la valeur de la vie en ville. Le défi de la construction d'une nouvelle ville est d'amorcer ce réseau. Comment obtenir la masse critique qui permet de lancer le volant d'inertie ?

Les gouvernements peuvent forcer leur bureaucratie à bouger. Les religions, ou l'identité, peuvent coordonner la migration. Une mine ou un port est souvent suffisamment incitatif pour attirer les premiers arrivants.

Le problème est que les villes à charte ne disposent pas de ces avantages. Les lois et les règlements d'une ville à charte sont peut-être meilleurs pour les entreprises, mais pour que les institutions fonctionnent, il faut qu'il y ait une population préalablement. De même qu'un enregistrement plus facile des entreprises n'a pas d'intérêt s'il n'y a pas de marché.

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Deux stratégies complémentaires peuvent être adoptées pour attirer les résidents dans une ville à charte. Premièrement, créer des emplois. Deuxièmement, donner aux premiers arrivants un avantage dans la ville.

La création d'emplois peut se faire avec un locataire pilier. Le terme "locataire pilier" vient des centres commerciaux où un grand magasin de détail sert de "point d'ancrage", attirant les clients du centre. Le locataire pilier paie généralement moins cher au mètre carré que les autres magasins. Le locataire pilier fournit un "bien public" au centre commercial en attirant des détaillants qui dépensent ensuite de l'argent dans d'autres magasins.

Dans une ville à charte, le locataire pilier est un gros employeur. Il est l'un des premiers résidents de la ville, créant des emplois qui attirent les résidents et catalysant la masse critique nécessaire pour les équipements supplémentaires, les épiceries, les restaurants, les écoles, les divertissements, etc. Le type de locataire pilier dépend de la population cible de la ville. D'autres options sont par exemple un parc industriel ou une université.

La deuxième stratégie consiste à donner aux premiers habitants un avantage dans la ville. Cela pourrait inclure la mise de côté d'un capital dans la société de développement de la ville pour les premiers résidents, ce qui équivaut en quelque sorte à un pool d'options dans les start-ups. De cette façon, les personnes qui croient en cette vision s'installeraient dans la ville, confiantes que la valeur du capital augmenterait et justifierait l'inconfort à court terme du au manque d'équipements.

Les villes à charte sont confrontées à des défis similaires à ceux des autres réseaux. Cependant, en raison de l'échelle des villes à charte, ces défis sont amplifiés. Attirer les premiers habitants dans une ville à charte est un élément clé de la réussite.

Commentaires additionnels

Rueben Abraham a publié un excellent article dans Bloomberg, dans lequel il soutient que l'Inde doit copier les ZES chinoises. L'Inde a adopté une loi sur les ZES en 2005, mais les terres allouées étaient trop petites et les réformes trop mineures pour avoir un impact.

Carlo Ratti prend la défense des Sidewalk Labs et de l'innovation urbaine. Alors que peu de gens admettraient être opposés à l'innovation urbaine, la lutte qu'Uber puis les entreprises de scooters ont menée avec les villes laisse penser le contraire.

Surbana Jurong est devenu l'urbaniste incontournable pour l'Afrique. L'un de leurs projets les plus récents est celui de Kigali. Malheureusement, leurs villes semblent être surplanifiées, ne comprenant pas complètement les contextes locaux.

Marginal Revolution mentionne Reston, en Virginie, une communauté planifiée avec succès en dehors de Washington DC.

Les zones franches sont de plus en plus un outil de politique étrangère au Moyen-Orient.

Un document de 2016 sur la légitimité des villes à charte. (h/t Kurtis Lockhart)

Une autre voix, celle du Wall Street Journal cette fois, suggère que l'initiative chinoise "Belt and Road" est trop étendue.

Enfin, la couverture dans la presse hondurienne du deuxième ZEDE, Ciudad Morazán.


À propos de l'auteur : Le Dr Mark Lutter est le fondateur et le directeur exécutif du Charter Cities Institute.

Article original publié le 19 octobre 2020 sur chartercitiesinstitute.org
repris avec l'aimable autorisation de chartercitiesinstitute.org

Traduction : Vincent Andres, pour libland.be.


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