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Le droit de posséder une arme à feu n'est pas réservé aux seuls Américains

28 novembre 2020, par José Niño

Les États-Unis sont uniques en raison de leur tradition de possession d'armes à feu, qui choque souvent les étrangers et les laisse dans un état d'incrédulité face à l'omniprésence de la possession d'armes à feu. L'idée même que des personnes portent des armes à feu semble presque irréelle pour beaucoup. En effet, la possession d'armes à feu est aussi américaine que la tarte aux pommes et ne disparaîtra pas aussi facilement, au grand désarroi des plus fervents partisans du contrôle des armes à feu.

Il suffit de regarder les ventes d'armes depuis le confinement de la pandémie de covid-19. Rien qu'au cours des six premiers mois de 2020, 10,3 millions de transactions d'armes à feu sont passées par le système national de vérification instantanée des antécédents criminels NICS. De janvier à octobre, 17,2 millions de vérifications d'antécédents ont été effectuées, ce qui a dépassé le record de 15,7 millions établi en 2016.

En bref, la possession d'armes à feu en Amérique ne disparaîtra pas aussi facilement. Il s'agit d'une tradition solidement établie qui trouve ses racines dans des pratiques qui remontent aux îles britanniques. Les assises des armes de 1181 émises par Henri II obligeaient tous les hommes libres d'Angleterre à posséder et à porter des armes au service du roi.

En outre, Ryan McMaken a observé que le système de milice américain s'inspirait largement des Levellers - réformateurs anglais à l'esprit libertarien qui prônaient une milice décentralisée qui s'opposait aux efforts de la Couronne britannique pour centraliser le pouvoir politique au milieu du XVIIe siècle.

La "voie folklorique" de la possession d'armes à feu a fait son chemin jusqu'aux colonies américaines, où elle a pris une tournure plus radicale et est devenue un élément unique de l'expérience américaine. Grâce à sa codification dans le deuxième amendement, le droit de porter des armes est devenu une liberté civile intégrale et un aspect unique de la culture politique américaine qui a largement résisté à l'emprise du gouvernement. Mais il y a maintenant des raisons de croire que ce concept va probablement s'internationaliser.

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L'Europe adoptera-t-elle le droit aux armes ?

La Suisse est traditionnellement l'un des pays européens les plus à part en matière d'armes à feu, grâce à sa coutume bien établie de possession d'armes à feu, qui remonte au Moyen Âge. Cependant, la situation change graduellement grâce à une initiative approuvée par les électeurs en 2019, qui a permis de limiter la possession de certaines armes à feu que l'Union européenne juge dangereuses. Les menaces de l'UE ont probablement contribué à ce résultat : l'entité supranationale aurait révoqué les déplacements sans passeport pour les ressortissants suisses s'ils avaient rejeté une initiative électorale qui aurait harmonisé la réglementation suisse sur les armes à feu avec les restrictions draconiennes de l'UE.

Bien que les électeurs suisses aient fait reculer le pays en matière de politique des armes à feu, les appels en faveur d'une libéralisation des lois sur les armes à feu se renouvellent à la suite d'un attentat terroriste très médiatisé en Autriche voisine. La menace imminente du terrorisme sur le continent européen et les limites de la capacité des forces de l'ordre à protéger les citoyens rendent des propositions telles que la libéralisation de la possession d'armes à feu plus attrayantes pour certains membres de la classe politique suisse.

D'autre part, des pays comme la République tchèque ont évolué dans l'autre sens. Ces dernières années, les Tchèques ont fait face à l'élargissement de l'UE de manière plus audacieuse. En juin 2017, le gouvernement tchèque a annoncé son soutien à un plan visant à codifier dans sa constitution la possession individuelle d'armes à feu à des fins d'autodéfense, en réponse à l'adoption d'un amendement restrictif de la directive européenne sur les armes à feu.

Cette loi s'applique aux vingt-sept États membres de l'UE et restreint fortement la capacité des citoyens de l'UE à acheter et à posséder des armes à feu. L'effort tchèque pour inscrire le droit à l'autodéfense dans sa charte nationale a réussi à le faire voter à la chambre basse du Parlement tchèque mais n'a pas pu recevoir le feu vert final au Sénat.

Les efforts pour étendre les droits des armes à feu en République tchèque ne sont pas restés lettre morte après cette défaite initiale. Ils ont été renouvelés une nouvelle fois en 2019 après que trente-cinq membres du Sénat tchèque aient présenté un projet de loi visant à modifier la Charte des droits et libertés fondamentaux de la Constitution tchèque. Pour l'instant, le projet de loi est toujours débattu au Parlement tchèque, mais l'optimisme est grandissant quant à son adoption. Les Tchèques sont probablement conscients de leur histoire en tant que partie de la Tchécoslovaquie, un État satellite soviétique qui a subi sa part de répression politique aux mains des Soviétiques. Ils ne prendront pas le risque de s'en remettre à des organes directeurs supranationaux pour la micro-gestion de leurs affaires de sécurité.

Bien que la réaction de l'UE à l'adoption éventuelle d'un projet de loi en faveur des armes à feu soit probablement hostile, de telles confrontations doivent être pleinement acceptées. Les conflits entre les juridictions politiques peuvent souvent donner des résultats politiques dynamiques et pourraient mettre l'idée de la libéralisation de la possession d'armes à feu sur la carte dans une région où ces discussions ont été sensiblement absentes. Non seulement la République tchèque a changé le discours sur la politique des armes à feu dans sa juridiction, mais elle peut aussi inspirer d'autres pays, notamment ses collègues des Quatre de Visegrad, à suivre ses traces. Le groupe de Visegrad, qui est composé de la République tchèque, de la Hongrie, de la Pologne et de la Slovaquie, s'est déjà imposé comme une alliance politique opposée au sein de l'UE sur les questions de migration de masse et de dépassement des [limites fixées](https://www.reuters.com/article/us-europe-hungary-visegrad/eastern-eu-states-tell-brussels-to-back-off-idUSKBN1FF1U3 par Bruxelles. Ils peuvent continuer à faire bouger les choses en utilisant le comportement de la République tchèque comme référence et en défiant Bruxelles sur la politique des armes à feu.

D'autres pays modifient leur politique en matière d'armes à feu

Sous la direction de l'ancien ministre de l'intérieur controversé Matteo Salvini, l'Italie a également assoupli ses restrictions sur les armes à feu. En 2018, le gouvernement italien a assoupli les lois sur les permis d'armes à feu et les types d'armes à feu que les Italiens peuvent légalement posséder. L'année suivante, l'Italie a approuvé une loi permettant aux Italiens d'utiliser des armes à feu en cas de légitime défense contre les intrusions au domicile. Dans l'hémisphère occidental, le Brésil a assoupli ses restrictions sur la possession d'armes à feu après l'élection de Jair Bolsonaro en 2018. Selon un rapport du New York Times, les ventes d'armes à feu ont augmenté sous l'administration de Bolsonaro, qui a non seulement assoupli ses lois sur les armes à feu, mais a aussi activement promu la possession d'armes à feu comme moyen de se défendre. Nous assistons peut-être à l'émergence d'un mouvement international en faveur des armes à feu. Qu'il s'agisse de crimes hors de contrôle ou de la menace d'actes terroristes, de nombreux pays commencent à reconnaître la validité de l'accès plus facile des civils aux armes à feu. Si ces tendances se maintiennent, les États-Unis pourraient ne plus être le seul pays à respecter la possession d'armes à feu.

L'Occident n'est peut-être pas si exceptionnel

En raison de la radicalisation de la culture politique aux États-Unis et de l'omniprésence des groupes anti-armes dans les médias et la culture populaire, ce n'est peut-être qu'une question de temps avant que les politiques publiques anti-armes commencent à devenir une réalité dans toute l'Amérique. Les institutions ne peuvent pas durer longtemps dans un milieu culturel qui devient de plus en plus hostile à la propriété privée et aux libertés individuelles.

Il est tout à son honneur que l'Occident n'ait pas totalement adhéré au modèle de gouvernance mondiale que de nombreuses élites politiques souhaitent lui imposer. L'Occident maintient encore nominalement une structure d'État-nation compétitive qui permet aux pays d'expérimenter en matière de décisions politiques. Plusieurs pays d'Europe centrale et orientale en ont profité et ont tracé leur propre voie, tandis que le reste de l'Occident s'enfonce dans un océan d'étatisme.

Ceci fait suite à un discours que le président de l'Institut Mises, Jeff Deist, a prononcé à Vienne l'année dernière, dans lequel il a appelé les sympathisants de l'Institut Mises à se tourner vers l'Est - les Balkans, les pays baltes, l'Europe de l'Est et même l'Asie - pour trouver des climats politiques plus sains. Beaucoup de ces anciens États du bloc soviétique et des États satellites n'ont pas été aussi infectés par le virus du politiquement correct et de ses descendants mutants du "wokisme", qui ont englouti les pays développés de l'Ouest. L'expérience du communisme a non seulement brisé et endurci ces populations, mais les a également rendues sceptiques à l'égard de tout effort radical visant à réorganiser la société depuis le sommet.

Avec l'Occident développé qui sombre dans le contrôle de la pensée par le wokisme, la surveillance de masse, l'explosion de la dette et un plus grand rôle de l'État dans l'économie, d'autres pays vont devoir prendre le relais et assumer la bannière de la rationalité politique en cette ère d'illusion de masse.

Auteur : José Niño est un écrivain indépendant basé à Austin, au Texas. Inscrivez-vous à sa liste de diffusion ici. Suivez le sur Facebook et Twitter. Recevez sa newsletter premium ici.

Article original publié le 28 novembre 2020 sur Mises.org
Repris sous licence CC by-nc-nd

Traduction : Vincent Andres, pour libland.be.


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